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Défense

Concurrencée par les industriels, l'armée de l'Air face à un problème de "sur-recrutement"

Le chef d'état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace est confronté à une concurrence de plus en plus vive avec les industriels qui débauchent les pilotes. Pour conserver le format de ses unités, il doit recruter plus que ses besoins.

Attirer et fidéliser. C'est en ce moment la devise des armées françaises, qu'elles soient terrienne, navale ou aérienne, lorsqu'elles parlent de ressources humaines. Jeudi, le général Stéphane Mille, chef d'état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace (CEMAAE), présentait les capacités aériennes de l'armée de l'Air et de l'Espace sur la base aérienne d'Évreux.

Lors de cette démonstration organisée pour les élèves de l'école de Guerre et de l'IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), il a abordé la difficulté pour "garder le format de l'armée de l'Air".

"L'armée de l'Air fait encore rêver toutes nos jeunes générations", rappelle le général Mille. Mais cet attrait, souvent stimulé par le cinéma notamment avec Top Gun, ne suffit plus.

L'armée de l'Air, qui fêtera ses 90 ans d'existence l'an prochain, est face à une problématique particulière. Nombre d'aviateurs quittent l'uniforme plus tôt que prévu pour rejoindre des entreprises privées. Leur nombre ne nous a pas été communiqué, mais pour le CEMAEE, le problème est à prendre très au sérieux.

"Mon problème est le sur-recrutement. J'ai beaucoup de gens expérimentés qui quittent l'armée de l'Air avant la limite d'âge. Il y a beaucoup d'industriels qui sont très intéressés par les compétences de nos soldats. Forcément, il y a une compétition économique et les aviateurs sont très recherchés", explique à BFM Business le général Mille.

30 candidats retenus sur 2000

Pour devenir pilote, la sélection est rude. Recrutés théoriquement à partir du baccalauréat, environ 2000 candidats tentent les sélections et seulement une trentaine est reçue. Cette situation contraint à devoir recruter au-delà des besoins réels pour conserver le format nécessaire pour remplir ses missions. Une particularité qui a des effets en chaîne.

"Il faut trouver plus de jeunes et les former plus que ce qu'on avait imaginé et que notre outil de formation est capable de générer", reconnaît le général Mille en précisant que le "problème" est la capacité à former des jeunes qui viendraient nous rejoindre".

Pour garder le format de l'armée de l'Air, l'une des pistes repose sur les réservistes qui "font partie des solutions pour garder une capacité complète". Le ministère des Armées est focalisé sur cet impératif avec l'objectif d'atteindre 100.000 réservistes en 2035, dont 80.000 en 2030. À ce jour, ces supplétifs des armées ne sont que 40.000.

En attendant, le problème des armées reste entier et chaque corps cherche des solutions pour "attirer et fidéliser". La Marine a mis en place des doubles équipages pour alléger les missions de plusieurs mois. L'armée de Terre a admis un déficit de 2000 à 2500 soldats en 2022.

Pour faire face, l'armée de l'Air fait parfois appel à des civils, comme des pilotes de ligne après formation, pour prendre les commandes d'appareils de transports ou de ravitaillement comme les A400M ou les MRTT.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco