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Aide à l'Ukraine: Sébastien Lecornu tacle le Kiel Institute qui classe la France en fin de peloton

La France est-elle en queue de peloton dans l'aide militaire à l'Ukraine? C'est ce qu'affirme le Kiel Institute dans un rapport. Pour le ministre des Armées, ces "données ne sont ni fiables, ni viables".

La France est-elle vraiment en 12e position dans le classement des pays qui aide l'Ukraine militairement ? Ce classement réalisé par le Kiel Institute estime que a donné l'équivalent de 540 millions d'euros quand l'Allemagne, numéro 2 derrière les Etats-Unis, atteint 17,13 milliards et le Royaume-Uni est numéro 3 avec 6,57 milliards d'euros. Pour le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, "les données de Kiel ne sont ni fiables, ni viables". Il estime même que "tous ces classements sont faux".

"Ils mélangent les choux-fleur et les carottes. Ils s'en tiennent aux déclarations. Mais tout ce que la France a promis a été livré. Certains pays ont fait beaucoup d'annonces, mais ça n'a pas été suivi ou avec du matériel défectueux", a répliqué sur France Inter Sébastien Lecornu qui avec un trait d'humour se demande "A Kielh profite...".
Le classement du Kiel Institute.
Le classement du Kiel Institute. © Kiel

Sébastien Lecornu rappelle aussi que depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, la France s'est refusé de fournir une liste précise et en temps réel les donations qu'elle faisait. C'est notamment le cas pour les munitions afin de ne pas donner d'informations qui permettraient aux Russes de se préparer.

Défendre l'économie de guerre

Le ministre des Armées reproche aussi au classement de comparer l'incomparable en mettant sur le même plan les longues portées comme les Scalp/StormShadow, et les courtes portées fournis par Berlin.

"Nos livraisons d’armes sont des game changer", signale Sébastien Lecornu.

L'Allemagne dispose pourtant des Taurus, missiles équivalents du Scalp, mais le chancelier fédéral Olaf Scholz n'a toujours pas autorisé le don de cette arme. De son côté, la France livrera cette année encore 40 Scalp, mais aussi 50 bombes guidées A2SM par mois dès janvier et une livraison mensuelle de 3000 obus de 155 mm pour les canons Caesar.

"C'est une application concrète de l’économie de guerre".

Ces grandes manœuvres industrielles ont été lancées pour optimiser les stocks d'armement. Elles visent aussi à améliorer les capacités de production industrielles pour les adapter à une guerre de haute intensité. Les premières livraisons provenaient des stocks des armées françaises, comme les 30 canons Caesar.

Une coalition artillerie pour les Caesar

Pour faire face à la situation, Emmanuel Macron a demandé aux industriels de l'armement de se mettre place une économie de guerre afin d'être capable de produire plus, plus vite et au meilleur prix.

"On est passé de 30 à 15 mois pour produire un canon Caesar. En 2024 on produira 78 Caesar", indique le ministre en précisant que sur ce nombre, six ont déjà été achetés par les Ukrainiens sur leurs fonds propres. Pour financer la production des 72 autres, Paris tente de créer une coalition artillerie. Un canon Caesar coûte entre 3 et 4 millions d'euros. Il faudra donc trouver entre 216 et 288 millions d'euros avec ce crowdfunding.

"Cette économie de guerre, c'est lent. Mais dire que ça ne produit pas ses effets, ce n'est pas vrai", lance Sébastien Lecornu.

Cette réplique semble s'adresser directement aux sénateurs de la commission Affaires étrangères et Défense qui ont dévoilé hier un rapport critiquant une économie de guerre qui reste très en deçà de ce qu'elle devrait être.

"Cette économie de guerre n'est pas à la hauteur des attentes. Ce n'est pas le terme approprié. Les mots ont un sens. C'est un abus de langage", a lancé le sénateur LR Cédric Perrin, président de cette commission.
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco